2009-08-21 14:47:05 UTC
C'est un fait obtus que soulignerait n'importe quel installateur de paraboles de Derb Ghallef : les Marocains sont toujours aussi friands des pornos diffusés sur Multivision. Cependant, les chaînes satellitaires et leurs films généralistes ne sont plus si révélateurs du mode de consommation du X au Maroc. Du fait d'Internet, vitrine de magasin
aux choix infinis, les internautes marocains vivent désormais une sexualité par procuration davantage couleur locale. “� partir de 22 heures, les clients de mon cyber surfent quasiment tous sur des sites pornos. Mais leurs attentes ont changé, explique ce gérant de cybercafé dans un quartier casablancais. Ils recherchent davantage du porno arabe. La tendance est née en 2001, quand ils se sont mis � prospecter des mots-clés comme 'brune' ou les mots 'Maroc' et 'sexe' combinés”.
Le phénomène n'a fait que se confirmer avec les années. Ainsi, en 2007, une consultation rapide de Google trends - outil statistique qui informe sur les termes les plus recherchés par pays - suffit pour confirmer cet essor de la demande pour du sexe plus ou moins local, mettant en scène des filles arabes. Dès le lancement de cette nouvelle fonction en mai 2006 par le moteur de recherche américain, beaucoup ont fait des gorges chaudes en apprenant que le Maroc arrivait dans le tiercé de tête pour les mots “sexe” et “sex”. Mais ces termes génériques ne sont que la partie émergée de l'iceberg. "Voyez ce que le monde recherche", affirme la pub de Google trends. Sous l'eau, en apnée, furtif, le Maroc cherche le terme “97ab” (ou q’hab, littéralement, putes).
La blonde � grosse poitrine, un mythe plombé
Cette année, le terme a fait une percée fulgurante chez les Marocains. Ces derniers arrivent en tête des internautes cherchant cette expression on ne peut plus locale. Rien avant 2007, puis une poussée subite de libido patriote. Et frappante : Google trends ne traite que les mots dont le volume de recherche est suffisamment important pour être révélateur d'une tendance sur Internet. En l'occurrence, “97ab” est devenu le leitmotiv des Marocains sur le Net depuis le développement des blogs locaux, présentant des photos d'adolescentes dénudées. Son plébiscite risque même de se confirmer � l'avenir. Ainsi, après le photoblogging, les internautes du pays se sont mis au film-compilation de photos sur Youtube.com, sous des titres tout aussi “trash”. Pourquoi une telle effervescence sexuelle, docteur ? “Les blondes et leur c�té inaccessible ne font plus fantasmer. On recherche l'excitation de proximité, un type de femme que l'on peut croiser tous les jours dans la rue. C'est ainsi qu'une Marocaine dont on ne voit que le string est considérée comme plus excitante qu'une occidentale nue”, explique un ingénieur informaticien. Lors de dépannages � domicile, ce dernier a noté dans les historiques l'essor des sites spécialisés dans les filles arabes (et de préférence marocaines), ainsi qu'un téléchargement de leurs photos tout aussi conséquent. Et ceci n'est pas le fait uniquement des jeunes internautes au fait de la vie underground du Net. “C'est souvent le cas de pères de famille bien sous tous rapports”, ajoute notre ingénieur. Soupçons de pédophilie chuchotés… et gros clairon d'une tendance lourde : “Les médias ont démythifié la blonde auprès des Marocains. On veut maintenant s'émoustiller devant une fille proche, ceci même si la frustration reste la même”, assène Aboubakr Harakat, sexologue � Casablanca.
Du porno de proximité
Serait-ce encore une spécificité marocaine ? Non, pas du tout. Ayant découvert le porno � grande échelle en parallèle au développement de l'Internet, les Marocains ne font que suivre une évolution relevée par les observateurs des mœurs marketing du X sur le marché mondial. L'industrie pornographique répond en temps réel � l'essor fulgurant d'un marché de niches, o� la consommation, davantage personnalisée, se fait de plus en plus � la carte. Ce porno � la demande met notamment l'accent sur les spécificités ethniques et le c�té amateur des filles. � l'échelle du Maroc donc, la “bent derb” est la transposition locale de la voisine dans les films amateurs occidentaux. Une caractéristique bien marocaine par contre : les insultes qui accompagnent l'exposition de ces filles sur Youtube, scandées par des morceaux rap moralisateurs sur la décadence des mœurs. Et ça, c'est grave docteur ? “C'est une forme de schizophrénie. On essaie de recoller les morceaux d'un miroir brisé. D'un c�té, on trouve du plaisir � regarder ces filles proches exposées. De l'autre, leur proximité choque, car ce que l'on accepte des autres est inadmissible quand ce sont des Marocaines”, analyse Aboubakr Harakat.
Cette ambivalence, entre attirance et répulsion, s'exprime même quand il